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Poème de rupture

27 janvier 1958

J'ai rompu, je ne le regrette pas (poème de rupture)
S’il faut, je le referai encore
T’es volage, pas sérieux
Bon, mais on ne peut pas compter sur toi
J’ai bien fait ce que j’ai fait
La raison m’a bien conseillée.

Je ne veux pas me réconcilier - on ne le peut
On s’est séparés pour toujours - il le fallait.
Mais quand je passe devant ta maison
Je ralentis et je regarde
Es-tu là, es-tu parti, que sais-je
Tu m’as trop souvent menti

Que se passerait-il, si tu paraissais
devant moi soudainement,
Si une matinée je te voyais en ville
Je sais, nos cœurs battraient d’un coup plus fort,
Mais de plus près, nos couleurs reviendront
Et l’on se fera mal de nouveau, moi avec mes yeux
Ou avec le “non” de toujours à ta question

Toi, me racontant combien courent après toi
Combien de femmes t’ont offert encore leurs grâces
On repartirait, qui par ici, qui par là,
Mais sûrement en pensant l’un à l’autre :
“Qu’il serait bon encore ... si, que...”
Et nous serions troublés un certain temps encore.

Il est bon que tu sois parti
Il est bon que tu ne sois pas ici
Ainsi tranquille, j'étudie,
Tu ne peux plus me faire souffrir.
Ce que j’ai décidé, je ne le regrette pas
Comme j’ai fait, j’ai bien fait

Un petit temps passera,
Et nous désirerons un autre.
Nous serons étonnés :
Comment ai-je pu être avec celui-là !

Ajouté février 1959 : C’est loin, il ne reste même pas le souvenir.
Après un an : C’est déjà un joli souvenir

Après deux ans : Que fait-il dans la dernière page de mon journal ?
C’est déjà de la neige d’antan ...


Je n'aime pas heurter quelqu'un, cela me fait plus mal qu’à lui. Je me tourmente : a-t-il mérité que je lui fasse de la peine, sois aussi franche. C'est vrai que d’après la mère d’Olympia (de la pièce de Molnàr), la seule façon clémente d’en finir avec quelqu’un est d'un coup sec. Mais ça fait mal quand même, même si je ne le veux pas. On a le droit d'avoir des faiblesses, c’est normal, on ne doit pas les montrer.

Ne promets pas facilement ! Ce sera difficile à tenir tes décisions et tu t'abaisseras à tes propres yeux (ou devant d’autres.)

Par exemple, quand j'ai écrit de ne jamais plus penser à lui ou au moins, n’écrire rien. Curieusement, ce qu'il m'a dit hier au téléphone ne m'a pas heurtée tant, mais aujourd’hui j'ai de la peine, pourtant cette fois c'est moi qui ai été désagréable. Comme m’avait dit son copain : “mieux vaut mordre l'oreiller et te taire”. Je mords. Mais il faudra étudier et ... hélas, j'ai aussi un bon livre de détective. Ou est-ce bien ?

Julie, sache avoir la joie de la vie ! Sois heureuse de ce qui est beau.

Il y a des choses dont j'ai fortement envie, et si c'est impossible, c'est vrai que c'est moi qui l'ai décidé, j’accepte aisément leur perte. Comme si jamais je ne l'avais voulu. Ça a été ainsi avec la fête de la nouvelle année chez moi, et aujourd’hui, avec le Ballet sur Glace.

Que n'aurais-je fait pour le voir !

J'avais le billet, et j’ai dit à Simon "je ne peux pas y aller". Je ne regrette pas de ne l'avoir pas accepté, pas du tout. Je le considère comme si tout le spectacle n’existait pas pour moi. J’aurais pu demander à Eugène qui m'avait dit qu'il trouverait des billets, mais ça ne m’intéresse plus du tout. C’est curieux, et bien. Mais pour le ballet de Leningrad, il faut absolument trouver un billet. Pour cela, ça vaut la peine de parler avec toutes mes connaissances.

Bientôt printemps
16 février 1958
Enfin, en sixième ! La dernière année d’études universitaires. J’ai réussi à passer les Matières Plastiques.

Je me sens si bien, si légère. C’est un sentiment extra.

Hélas, hier il s’est avéré que mes problèmes au travail à l’Institut de Recherche ne se sont pas arrangés. Il faut y aller demain et m’en occuper et ensuite… recommencer à étudier. Cette fois, pour les examens de la sixième année. Ils commencent vendredi. C’est la vie. Mais ces examens sont nettement plus faciles. J’espère que je trouverai quelqu’un avec qui étudier, parmi les autres étudiants d’université par correspondance. Sinon, je me débrouillerai seule, plus ou moins bien.

24 février 1958

Échouer n'est pas agréable. Surtout que je n'ai pas mérité de ne pas réussir à cet examen. Les autres ont étudié un à deux jours et moi cinq. Je savais. En plus, ils m'ont torturée comme un animal. Le matin l’écrit, ils affirment maintenant que je l’avais raté, mais je suis sûre que j’avais bien répondu.

Ils n'ont rien dit. Seulement de venir l'après-midi, pour l’oral. J'ai de nouveau attendu, inquiète, de 9 h du matin à 3 h de l'après-midi. J'ai relu encore une fois et j'ai été là parmi les premiers à 3 heures. Ils n'ont commencé à m'interroger qu'à 5 1/2, la dernière de tous. J'ai répondu très bien à deux questions et moins bien à la dernière. Il a dit “OK, viens le lendemain pour les examens pratiques au labo” (à certains, il a dit “tu n’es pas passée, ne viens plus”). De nouveau l’angoisse.
Une matinée entière de travail au laboratoire, ensuite attendre encore une heure les résultats : je ne suis pas passée. Pourquoi ? L'épreuve de laboratoire a été bien, m’affirme-t-il.

Pourquoi m’a-t-il tant torturée? Il est plus humain d’achever quelqu’un d’un coup, ne pas le faire attendre. La mère d’Olympia avait raison, (dans la pièce écrite par Molnàr) : “si tu veux épargner quelqu’un (qu’on doit exécuter), fais-le d'un coup et rapidement.”

J’ai eu une crise de larmes, en l’apprenant. J'ai pleuré tout l'après-midi et le lendemain matin aussi.

Qu’il fait beau ! Le printemps ! Fait pour la promenade. J’ai commencé aujourd’hui à prendre des bains de soleil.

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