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5 septembre, 1957

Qu'est-ce que j'ai fait l’après-midi ? J'ai été au Club, j’y ai flâné et fait la connaissance d’André Grand, un bel ingénieur hongrois de Marosvàsàrhely de 27 ans : c'est la propriétaire de la villa où j'habite qui l'a envoyé vers moi, puisqu'il est seul, lui aussi. Il m'a prise avec sa moto vers Békàs, nous sommes juste avant le crépuscule. J'ai dîné, ensuite je suis retournée au Club (seule), il y avait justement un concert. J’y suis restée un peu, j'ai dansé avec trois ou quatre garçons, ensuite, comme j'ai eu l'impression que Grand était rentré pour un instant, je suis partie le retrouver vers la maison.

Justement, la milice était là et lui demandait ses papiers. Pendant la plus grande partie de la nuit j'ai imaginé plein d’hypothèses, je n'ai pu m’endormir qu'à cinq heures, à l'aube.

Ce matin, André m'a réveillée à huit heures et nous sommes partis vers le Mont Suhard, nous y sommes arrivés en 50 minutes. Nous avons rencontré là un jeune couple en voyage de noces et nous les avons photographiés. Vers midi nous sommes descendus, je me suis séparée de lui et je suis allée au lac avec le garçon avec qui l’on s’est promené hier en bateau. J'ai nagé dans le lac (avec un costume de bain prêté). L’eau reste toujours très froide, mais nager entre les pics sortant de l’eau, restera un souvenir intéressant.

Après un repas froid, j'ai fait la sieste enfin sur un bon lit, différent (et propre). Tout le monde est extrêmement sympa avec moi. Je vais à la poste et, peut-être, aussi chez le photographe, qui m'avait invitée. Demain je continue vers Borszék.

6 septembre, 1957

Je ne suis pas entrée chez le photographe, il avait fait trop d’allusions salaces. Par contre, j'ai très bien dîné dans la cantine d’une entreprise pour seulement cinq lei, (argent roumain, équivalent au franc) dorénavant j’essayerai de manger ainsi. Ensuite j'ai rencontré dans le club le garçon du bateau, lui et sa copine m'ont raccompagnée jusqu’à la maison et je lui ai donné le reçu pour qu'il prenne mes photos. J’ai dormi seule dans la chambre des filles, j'ai lu.

À six heures du matin, j’étais déjà dans le bus et à sept heures j'étais arrivée à Borszék. Je suis restée indécise juste un moment, ensuite j’ai commencé à agir. J'ai demandé à la fille du Bureau des Répartitions si elle connaissait une chambre. Elle m'a orientée vers Villa Violette où je suis. Un petit pavillon tout blanc et amical à côté de la forêt et surtout, d’un aspect très propre. Enfin, j'ai un lit confortable avec un duvet, une armoire et de l'eau chaude (même avec une salle de bains que j’ai le droit d’utiliser). Une petite chambre pour moi toute seule. En plus, par terre dans un grand tas, plein de livres policiers !

Il pleuvote. J'espère que bientôt le soleil ressortira et que demain le temps se réchauffera un peu. Lavée de la tête aux pieds, je suis couchée entre des draps propres et bientôt je dormirai. Cette villa me rappelle sans cesse, celle de la pièce de théâtre Jeux de Vacances de Sébastien.

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