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Une phrase sur la Tyrannie

Voilà quelques extraits du poème "Une phrase sur la Tyrannie" de Illes Gyula [1] (traduits ici par J.Follain)

Là où il y a tyrannie

tyrannie il y a

pas seulement à la gueule des fusils

pas seulement en prison

il y a tyrannie pas seulement

dans les chambres d’interrogatoire,

ni dans la voix de la sentinelle

criant dans la nuit

pas seulement dans les nouvelles

chuchotées avec peur

à travers des portes

furtivement entrouvertes;

pas que dans le doigt devant la bouche

qui veut dire: tais-toi

il y a tyrannie, tyrannie encore;

il y a tyrannie non seulement

dans les acclamations, debout, rugis

dans les hurrah, dans les chants,

là où il y a tyrannie, tyrannie il y a

non seulement dans les mains

qui applaudissent inlassablement

pas seulement dans le bruit discret

d’une voiture qui glisse dans la nuit

dans : elle s’arrête devant quel portail?

là où il y a tyrannie elle est présente

partout, plus que ton dieu d’autrefois,

il y a tyrannie dans les crèches,

les conseils du père

les sourires de la mère

les réponses d’un enfant à un étranger

car tu n’es plus seul

même dans tes rêves,

elle est au lit nuptial,

même plutôt que le désir

quand tu parles en toi-même,

c’est elle, la tyrannie qui interroge,

tu n’es plus libre

même en imagination,

elle pénètre au plus profond

jusqu’à la moelle de tes os ;

tu voudrais réfléchir, mais seuls

te viennent à l’esprit ses propos

tu voudrais regarder,

mais tu ne vois

que ce qu’elle te montre

déjà tout flambe autour de toi,

là où il y a tyrannie

chacun est maillon de la chaîne,

elle t’enveloppe de pestilence

toi-même es tyrannie !

J'ai beaucoup réfléchi, le recopier ou non. Mais finalement, si je ne le faisais pas, cela signifierait que le poème a complètement raison. Je ne le crois pas, je n’en suis quand même pas arrivée jusque-là. Ilyes voit bien en pas mal de choses, pourtant... De toute façon, c’est formidable, grandiose et surprenant, un des plus grands poèmes de tous les temps. Au moins, je l’ai ressenti ainsi quand je l'ai lu pour la première fois. Son impact s'est un peu dissipé et depuis, je le trouve moins beau. On verra plus tard.



[1] Pendant les vacances, j’ai osé recopier dans mon journal le poème, complet, de Gyula Illes reçu d’Edith.

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