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J'ai appellé Sandou

2 mai, 1958

J'ai appelé Sandou, pourquoi pas ! Dimanche j'ai été me promener avec lui. Nous avons pris un canot et nous sommes promenés sur le lac. D'un coup une lumière curieuse s'est allumée dans ses yeux. Le lendemain, au bal des assistants des universités et des ingénieurs constructeurs, j'ai vu encore une fois deux paires d’yeux si brillants se regardant.

(C’est horrible, ce cahier avec ses lignes, j’aime écrire sur papier libre, surtout mes pensées. Comme si on me tenait en laisse, je vais m’échapper, briser la règle. J’ai déjà passé outre les lignes, me suis déjà échappée. Mais c’est aussi difficile.)

Ainsi brillent seulement les yeux des gens quand quelqu'un leur plaît, quand ils veulent plaire à quelqu'un qui leur est sympathique. En même temps que ses yeux, tout l’être change alors un peu, il prend un autre air. Pas seulement les filles mais également les garçons, je crois. Il est possible qu’en réalité c'est une hormone qui est secrétée, mais ça arrive et ça allume aussi l'âme, l’enflamme et change l’homme.

Maman a raison, j'ai été comme cela moi aussi quand je sortais avec Simon, mais aujourd’hui je ne pourrais regarder personne de cette façon.

Je voudrais aller me promener, il fait si beau. Mais qui voudrais-je avoir à mes côtés ? Je ne trouve personne avec qui j'aimerais... George le copain de Marie et même lui seulement en rêve.
Je suis heureuse qu'on ait enfin prononcé le divorce de Marie, elle est déjà quelque part dans les montagnes avec George. Je suis juste un toute petite peu jalouse, je le jure. Comment un inconnu peut-il vous plaire tellement, rien qu’à travers ses lettres ? C'est vrai que par ses lettres je le connais bien.

Je rencontrerai, moi aussi, quelqu’un qui ne soit pas moins bien que lui et, si possible, sans ses défauts. Évidemment, il en aura d’autres, parce qu'il n'y a pas d'homme qui n'ait pas quelque chose n’allant pas bien. Je ne suis pas tout miel non plus, malgré mes bons côtés.
Heureusement, je suis dans une période où je suis contente de moi-même. Probablement à cause des examens réussis et du rythme de travail soutenu avec lequel je prépare mon diplôme. Je me suis rendu compte que je sais travailler, réaliser quelque chose, quand je le veux sérieusement. C'est un sentiment très agréable, encore mieux que le fait que j'aie fini l'université. Parce que j'aurai sûrement encore beaucoup d’obstacles devant moi, mais si j'ai le sentiment que je pourrai passer chacun, quand je le veux sérieusement, quand je le désire énormément, alors je me lancerai avec courage dans la vie. En tout. Et ainsi la moitié de chemin est déjà réalisée.

En plus, depuis quelque temps, n'importe où que j’aille, il y a toujours quelqu'un à qui je plais. Mais je ne me décide pas facilement ! C'est dommage que celui que j’attends ne soit pas encore apparu. L'exemple de Marie a montré qu’on ne doit pas se marier juste pour devenir une épouse, mais seulement quand on trouve le garçon qui nous convient vraiment. Que le temps est beau ! Je dois vite organiser une excursion ; je pourrais partir même seule.
Je dois chercher quelqu'un qui sache bien dessiner, m’aider pour mon projet de diplôme. Cherche et tu trouveras. Il faut que je demande à Édith et à Marie, elles devraient connaître quelqu'un. À qui encore ?

Il sera bon de se promener dimanche prochain, je devrais faire un rendez-vous d'avance. Jusqu’à maintenant, j’avais besoin d'avoir des jours libres pour finir mon projet. Il faut que je finisse toutes les références d’ici mercredi.

11h
Vasiliu, le mari d'Alina, est venu me parler. Il m'a appris des choses importantes. En réalité, il faudrait faire un cours ou écrire un livre sur tout ça : comment il faut se comporter à un bal, comment il faut réagir quand un garçon s'approche, comment il faut le conquérir et commencer à lui parler vers la fin d’une danse pour rester ensemble et prolonger la conversation autant que possible en l’admirant ou l’écoutant. Il a souvent raison. La prochaine fois, j’essayerai d'utiliser ses conseils. Il m'a démontré que dimanche soir je me suis comportée bêtement avec ses copains et il m'a expliqué comment j'aurais dû agir. Il a raison. Je dois le faire. Le temps est arrivé.

D'après Vasiliu, j'ai 14 ans dans mes comportements. Il faudra mûrir vite, au moins de deux ans.

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